Test Infection Free Zone : Survivre dans votre propre quartier

Infection Free Zone

La fin du monde commence chez vous

Imaginez. Vous rentrez du boulot, vous passez devant votre boulangerie habituelle, le Carrefour du coin, la supérette où vous prenez vos clopes. Sauf que cette fois, tout est vide. Pire : bourré de zombies qui rêvent de vous bouffer la tronche. Bienvenue dans le test Infection Free Zone, le city-builder post-apocalyptique qui transforme votre bled en terrain de jeu infernal.

Développé par Jutsu Games (les gars derrière 911 Operator) et édité par Games Operators (… encore les gars derrière 911 Operator), ce jeu sorti en accès anticipé le 11 avril 2024 sur Steam propose un concept aussi simple qu’efficace : vous tapez le nom de N’IMPORTE QUELLE ville au monde, et le jeu génère une carte basée sur les vraies données géographiques d’OpenStreetMap. Oui, vous avez bien lu. Votre quartier, votre rue, votre kebab préféré. Tout y est. Ou presque.

Infection Free Zone

Le concept : OpenStreetMap rencontre The Walking Dead

Le pitch est classique mais rodé : le « Mad Virus » s’est répandu à la vitesse d’un Boeing, transformant l’humanité en hordes d’infectés rapides, costauds et pas franchement enclins à la discussion. La société s’est effondrée en quelques semaines. Plus d’électricité, plus d’eau, plus de Wi-Fi (le vrai drame). Vous prenez le contrôle d’un groupe de survivants quelque part en avril 2030 et vous devez établir une zone sécurisée pour tenir le coup.

La mécanique de base repose sur un cycle jour/nuit bien fichu. La journée, vous gérez vos équipes : certains fouillent les bâtiments à la recherche de bouffe, d’armes et de matériaux, d’autres construisent, réparent, cultivent. La nuit, vous serrez les fesses pendant que les infectés débarquent en masse pour défoncer vos défenses. C’est simple, tendu, et diablement efficace.

Ce qui rend Infection Free Zone unique, c’est évidemment sa génération de cartes. Vous pouvez défendre Paris, New York, votre village paumé dans le Cantal, ou même un centre commercial isolé. Le jeu adapte les bâtiments existants (supermarchés, pharmacies, commissariats) en points d’intérêt fouillables. Vous connaissez les lieux ? Vous savez où trouver des armes ? Tant mieux, ça vous donnera un avantage tactique.

Gameplay : du tower defense qui pique

Infection Free Zone mélange plusieurs genres sans vraiment en maîtriser aucun. C’est avant tout un city-builder simplifié où vous devez adapter des bâtiments existants (transformez cet immeuble en baraquements, cette usine en atelier d’armes), gérer vos ressources (nourriture, eau, métal, bois, essence) et faire en sorte que vos survivants ne crèvent pas de faim ou de désespoir.

La vue isométrique est claire, l’interface fonctionnelle même si parfois bordélique quand l’action s’intensifie. Vous commandez des escouades armées pour fouiller les environs et vous défendre, et des ouvriers pour construire et transporter les ressources. Le pathfinding des unités est… perfectible. Vos bonshommes ont parfois tendance à prendre le chemin le plus con pour aller d’un point A à un point B, ce qui peut vite devenir énervant.

La gestion des ressources est assez basique mais demande de l’anticipation. Pas assez de bouffe ? Vos survivants se barrent. Trop de fouille sans défense ? Vous vous faites latter la nuit venue. Le jeu propose plus de 25 types de structures à construire (fermes, ateliers, centrales électriques, murs, tours de guet) et une cinquantaine d’événements avec voix off qui pimentent les parties.

Les combats nocturnes sont le cœur du gameplay. Les hordes arrivent par vagues, avec différents types d’infectés (rapides, costauds, leaders qui coordonnent les autres, voire même des animaux infectés). Vous devez positionner vos escouades, construire des défenses (murs, barricades, tours), et prier pour que ça tienne. Les armes se dégradent, les munitions manquent, et un mauvais placement peut vous coûter toute votre colonie.

Infection Free Zone

Points positifs : quand ça marche, c’est grisant

Le concept de carte réelle est un coup de génie. Se dire « tiens, je vais voir comment je me débrouillerais pour survivre chez moi » crée un attachement immédiat. Jouer dans sa propre ville, reconnaître les rues, c’est une expérience unique qui compense beaucoup des défauts du jeu.

La tension jour/nuit fonctionne bien. Vous passez votre journée à optimiser, à vous dire « encore un peu de nourriture, encore quelques balles », et la nuit vous rappelle violemment que vous n’êtes jamais assez prêt. Cette sensation de course contre la montre, de gestion du risque (j’envoie mes gars fouiller loin ou je reste proche de la base ?) est addictive.

Le système de recherche permet de débloquer de nouvelles technologies, y compris potentiellement un vaccin ou un remède (même si c’est plus un objectif lointain qu’une vraie fin de partie). Vous pouvez aussi rencontrer d’autres groupes de survivants, commercer avec eux ou les affronter, ce qui ajoute une dimension diplomatique intéressante.

Les graphismes sont propres, dans un style minimaliste qui fonctionne bien. Rien de révolutionnaire, mais c’est lisible et l’ambiance post-apo est là. La direction artistique sobre fait le job sans briller. Les voix off (notamment celle d’Ian Slessor qui narre les événements radio) ajoutent une touche d’immersion bienvenue.

Le contenu pour un early access est honnête. Le jeu propose déjà de quoi s’occuper pendant des dizaines d’heures, avec la rejouabilité infinie des cartes générées. Pour environ 20-25 euros (hors promos), c’est correct.

Infection Free Zone

Points négatifs : l’accès anticipé se voit

Soyons clairs : Infection Free Zone est en early access, et ça se sent à chaque instant. Le jeu souffre de nombreux problèmes qui sabotent régulièrement l’expérience.

L’intelligence artificielle est d’une stupidité confondante. Vos unités se coincent dans les bâtiments, prennent des chemins aberrants, ignorent les ordres. Les infectés, censément redoutables, se comportent parfois comme des poulets décérébrés, tournant en rond au lieu d’attaquer. Ça casse totalement l’immersion et la tension.

La gestion est trop superficielle. Passé les premières heures, une fois que vous avez pigé les mécaniques, le jeu devient vite répétitif. Construisez des fermes, des murs, répétez. Il manque de la profondeur dans les systèmes, des choix difficiles, des dilemmes moraux (ils sont là dans les événements radio, mais sans réel impact).

Les bugs sont légion. Crashs aléatoires, sauvegardes corrompues, événements qui se bloquent, véhicules qui disparaissent dans les décors. Jutsu Games est réactif et sort régulièrement des patchs, mais actuellement, vous allez perdre des heures de progression à cause de problèmes techniques. C’est rageant.

La difficulté est mal calibrée. Soit vous galérez à mort en début de partie et vous crevez stupidement, soit vous atteignez un point de non-retour où vous êtes tellement puissant que plus rien ne vous menace. Il manque cruellement un mid-game équilibré. Plusieurs joueurs rapportent avoir atteint 200-300 jours sans réelle menace, attendant juste de manquer de métal pour les munitions.

La génération de cartes a ses limites. Toutes les villes ne se valent pas : certaines zones sont injouables (pas assez de ressources, trop d’infectés), d’autres trop faciles. Les données OpenStreetMap sont parfois imprécises ou obsolètes, surtout hors des grandes villes occidentales. Et vous êtes forcé de jouer dans des zones urbaines : oubliez le fantasme de la cabane isolée en montagne.

Le contenu narratif est anecdotique. Les événements radio sont sympa mais répétitifs, l’histoire du Mad Virus reste floue, et il n’y a pas vraiment de progression scénarisée. Vous jouez pour jouer, sans objectif clair au-delà de la survie.

Les performances sont inégales. Le jeu rame parfois sans raison apparente, les temps de chargement sont longs, et l’optimisation laisse clairement à désirer. Sur des grosses cartes avec beaucoup d’unités, ça peut devenir pénible.

Infection Free Zone

Verdict : un early access prometteur mais brut de décoffrage

Infection Free Zone est un jeu difficile à noter. D’un côté, son concept est génial et quand tout fonctionne, c’est un plaisir addictif de défendre son quartier contre les zombies. De l’autre, c’est un chantier technique bourré de bugs et de problèmes de game design.

Si vous êtes fan de city-builders post-apocalyptiques, de zombies, et surtout si l’idée de jouer dans votre ville vous fait rêver, tentez le coup. Mais soyez conscient que vous achetez un jeu non fini, avec tout ce que ça implique de frustrations. Jutsu Games semble engagé dans le développement (mises à jour régulières, écoute de la communauté), donc il y a de l’espoir pour la suite.

En l’état, c’est une base solide avec des idées brillantes, massacrée par une exécution brouillonne. Attendez encore quelques mois de développement si vous voulez une expérience plus aboutie. Ou lancez-vous maintenant si vous êtes prêt à essuyer les plâtres pour défendre votre Monoprix contre les hordes.

J’ai été ravi de faire le test Infection Free Zone car ce jeu, bien qu’imparfait, m’a déjà occupé de nombreuses heures et les mises à jours programmées ne vont faire m’augmenter le plaisir.

Configuration requise : PC (Windows), disponible sur Steam. Pas très gourmand en théorie, mais l’optimisation douteuse peut surprendre.


Résumé en 5 points

  • Le concept : Défendez n’importe quelle ville du monde contre les zombies grâce aux cartes réelles d’OpenStreetMap
  • Le gameplay : City-builder/tower defense avec cycle jour/nuit, gestion de ressources et combats nocturnes
  • Les points forts : Immersion locale, tension constante, rejouabilité infinie, contenu correct pour un early access
  • Les points faibles : Bugs nombreux, IA stupide, profondeur limitée, difficulté mal calibrée, performances douteuses
  • Le verdict : Une excellente idée sabotée par une réalisation d’early access encore trop bancale. Prometteur mais frustrant.

Pour qui ? Les amateurs de zombies et de city-builders prêts à pardonner les défauts d’un accès anticipé imparfait. Les autres attendront sagement la version finale.

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